Qu'est ce qu'il se passe dans les parages ?
Aimons-nous vivants, c’est du cirque exotique. C’est aussi une chanson de François Valery. Entre le théâtre et le cirque, la zone est perméable, et c’est bien ce désir de transdisciplinarité qui engage Arnaud Saury depuis quelques années déjà : de la parlotte et un agrès, une sorte de plan quinquennal sans équivoque pour porter l’altérité au sommet…
Sur scène, il n’y a qu’Arnaud, le circassien virtuose Samuel Rodrigues et un mât chinois de cinq mètres cinquante. Coiffé de palmes de cocotier et orné de bananes, le mât n’a plus rien de chinois d’ailleurs. Il est le point culminant de leur île, un bien maigre territoire, entre la France et le Portugal, hérité du passé colonial de leur pays respectifs.
Isolés comme jamais, ils se prennent à rêver de Vendredi et de Crusoé sans trop savoir qui incarner aujourd’hui…
Être deux, non côte à côte mais ensemble et pris dans un même mouvement : chacun faisant une place à l’autre sans perdre la sienne. « Comme une envie de dire "je t'aime"… Quand on est au bout de soi-même ». Une sorte de gais savoirs partagés où les corps se portent, se tendent, se rattrapent et parfois se blessent aussi. C’est sur cette pente glissante, portée par un texte de haute voltige à l’humour renversant, que le goût du risque, le goût de l’autre, nous donne résolument le vertige.
Présenté par Le ZEF - Scène Nationale (3-135948) dans le cadre de la Biennale Internationale des Arts du Cirque 2025.